Un circuit quotidien type




Samedi 10 novembre
Lyon-Clérieux( 90km)

François m'accompagne au petit matin pour m'aider à sortir de cette mégapole industrielle qu'est Lyon. Il veut me conduire à une piste cyclable qui suit le Rhône et qu'il a emprunté voilà quelques années. Mais depuis se sont construits autoroute et usines. Aussi ne pouvons-nous progresser qu'en pratiquant un cyclo-cross aventureux, brûlant des interdits de bouts d'autoroutes pour sauter des usines tronçonnant des restes de pistes. Finalement, victoire nous trouvons un bout qui semble continuer. Embrassades, photos et séparations.

La piste est caillouteuse mais permet de traverser une zone industrielle dense à dominante pétrochimique avec une magnifique torchère impressionnante dans la brume; ça avance mais lentement et péniblement. Je rejoins enfin une départementale plus roulante. Et décide de rester rive gauche pour bénéficier au maximum du terrain plat du bassin fluvial. C'est ce que recherchent aussi les autres voies de communication. Ce qui crée un corridor très dense et resserré entrelaçant de multiples voies: voies ferrées, autoroutes, routes nationales, départementales, locales, chemins vicinaux....Jusqu'à midi, j'oscille entre voies locales et départementales et même chemin de hallage , jusqu'à en perdre la carte. Je me retrouve péniblement à Saint Alban-du-Rhône.
A midi et demi, j'ai à peine parcouru mes 50KM.. Je me remonte au Péage-de-Roussillon. Et décide de prendre la N7 et d'arrêter de musarder pour avancer. Ca avance avec un bas côté élargi pour les vélos. Palme d'or à la Région Rhône pour sa politique d'aménagement de voies cyclables.

A Saint Vallier, je laisse la vallée et coupe par les petites routes de l'intérieur pour rejoindre Clérieux, malgré les risques d'un itinéraire plus accidenté. Pour m'encourager, je rumine une phrase intrigante du psaume de la création " De l'abîme, tu couvres la terre comme d'un vêtement". Après la pose de bases jugées inébranlables, la terre se couvre d'abîmes, s'abîme.. Je franchis justement un passage tourmenté appelé "Les roches qui dansent" .

Apparition de premières éoliennes, mais trop éloignées pour être photographiées.

Joie de découvrir Clérieux, petite commune de la Drôme des collines. La Drôme est aux Alpes ce que l'Ardèche est au Massif Central; une descente des montagnes en douceur et en beauté. On distingue la Drôme du Vercors, une Drômes des collines et la Drôme provençale .Clérieux est donc dans la Dröme des collines qui a Romans-sur -Isère comme capitale(33000 habitants)

Mais encore faut-il trouver les Houlettes et le No5 ou logent Armelle et Damien avec leur jeune fils Aloys. Comme prévus, ils ne sont pas là. Ils sont à .... Lyon, d'ou je viens. Malgré le peu de maison, je dois téléphoner à Damien ^pour enfin la trouver ainsi que la clef pour rentrer. Sympathique papier d'accueil indiquant es possibilités de se restaurer et de me reposer. Ils doivent rentrer dans la nuit. Téléphone réconfortant à Françoise qui assure les liaisons avec le reste du monde.

Découvertes lyonnaises aux portes de la Méditerranée

Vendredi 9 novembre
Lyon


Découverte de la Maison Quart -Monde à Lyon1. Son animation est en transition entre deux couples de volontaires: les G. et les A. Repas rapides avec les G; ou ressort l'importance de la relation et du trois.
Et enfin découverte d'un homme dont j'entendais parler depuis quasiment 20 ans: Marcel J. fondateur de la librairie Cadence dans la rue Saint Jean. Par sa conception chercheuse et formative de son rôle de libraire, Marcel est une sorte de médiateur culturel qui a profondément influencé les trajets de beaucoup de jeunes, comme entre autres deux qui me sont particulièrement chers: Noël D. déjà nommé et Pascal G. actuellement au Québec. Echange aussi avec Dorian, son fils . Il prolonge l'oeuvre du père en lançant la dimension électronique www. eklectic-librairie.com
Descente dans leur cave. et partage du grand projet de Marcel: LOGDAMYC. Sorte de logiciel visant à faire ressortir les éléments structuraux d'un texte.(Inspiration de Hamelin,Essai sur les différents éléments de la représentation).
Log =logiciel
D=dialectique
A=analogique
M=maïeutique, médiation
Y=yoga
C=concept
Il m'apprend que Bruno Pinchard a écrit la préface d'un livre sur Louis Lavelle qui connaitrait une réactualisation. Il ne connait pas de livre sur une philosophie du vélo, alors qu'il y en a beaucoup sur la marche. Et même un sur le zen de l'entretien d'une moto.

Repas le soir avec et chez Jérôme E;, dont je redécouvre l'intelligence dynamique et profonde aux prises avec le travail universitaire. J’oublie mes lunettes chez lui. Va-et-vient dans la nuit et le quartier des Etats-Unis en plein chantier pour le futur tramway.

Dans l'appartement des G., une Phrase affichée retient mon attention:
"Que nos combats soient animés par notre tendresse pour l'humanité"
C'est une phrase devise de l'antenne Méditerranée du Forum permanent sur l'extrême pauvreté dans le monde. Existe un réseau méditerranéen animé par Martine Hosselet
fp.med@orange.fr
Emergence ,aux extrêmes de la société, de projets à long terme de construction de solidarités méditerranéennes: au sommet, projet d'Union Méditerranéenne de Sarkozy et à la base, ce réseau méditerranéen en construction, de lutte contre l'extrême pauvreté et précarité des migrants autour de cette mer. Prolétaires de la méditerranée, unissez-vous

Mon premier col

Jeudi 8 novembre
Paray-le-Monial-Lyon (120km)

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La grosse étape, en distance (120km) et en difficulté. Je l'appréhende depuis le départ. Elle doit me faire passer du bassin de la Loire à celui du Rhône, dans les contre-forts du Massif Central: les monts du Lyonnais et du Beaujolais. Pour les éviter au maximum, j'avais prévu un itinéraire par la N79 laissant les cols de côté et traversant Charolles,Cluny, Macon et rejoignant la Saône en amont de Lyon. Mais les premiers kilomètres sur la nationale menant à Charolles me montre que cette route est épouvantable en terme de camions et de montagnes russes en descentes/montées.

J'arrête à Charolles et m'enquiert du meilleur itinéraire vélo dans un café-tabac. Grosse discussion d'ou se dégage un avis qui me semble informé: passer par le col des Echarmeaux(720m). La montée est compensée ensuite par la descente de 60Km sur Lyon. Pour dédommagerJla buraliste de la perturbation provoquée, j'achète une carteLoire-Rhône qui se révèlera ensuite extrèmement utile , entre autre avec un plan de Lyon pour retrouver l'adresse des Guillot qui m'accueillent ce soir. Point minuscule dans la périphérie d'une ville de plus d'un million d'habitants.

Heureuse surprise! la montée du col est plus facile que prévu. La pente est continue et progressive. Elle casse moins que l'alternance montées/descentes. A 13h, j'arrive à Propière, à 3km du sommet. Quand même épuisé, j'arrête, heureux de trouver un restaurant pour me reconstituer.

Ensuite descente de l'Azergues , très sympathique petite rivière que suit la route avec en bordure l'équivalent d'une piste cyclable de 60 km de long sur 60cm de large. Bravo la Région Rhône, toujours innovatrice. Arrêt photo pour la grande fête du Beaujolais nouveau en prépération en l'honneur de Noël D., collègue très proche originaire de la région. Soleil magnifique de l'été de la Saint Martin qui m'accompagne. Chance inouie, le lendemain la neige tombait sur le col. Pour le moment le soleil et la descente me font chanter

Tu t'avances sur les ailes du vent
Tu prends les vents comme messager

A 20km de Lyon, la situation se corse. Je prends une départementale dans l'écheveau des grandes voies d'entrée. Mais elle me fait remonter sur les collines. Entrée difficile dans Lyon à la tombée de la nuit. Deux ponts à traverser, sur la Saône et le Rhône. L'accès au pont Galiéni est un vrai labyrinthe, car il faut traverser la gare de Perrache . Je réussis enfin et tente de suivre l'itinéraire que j'avais tiré de Google pour trouver ma route. Progression lente, laborieuse et incertaine en raison de travaux qui bouleversent les repères.

Presque désespéré , à un kilomètre de l'arrivée, Miracle! Rencontre de Françoise G; partie patrouiller à ma recherche. Une des rencontres les plus agréables de ma vie! Car l'accès à leur immeuble HLM m'aurait pris encore beaucoup de temps et d'énergie.

Françoise et François G. sont des volontaires d'ATD-Quart-Monde, membre d'un groupe pionnier du Diplôme Universitairedes Hautes Etudes de la Pratique Sociale(DUEPS). Aller chez eux renforce les liens en augmentant une communication réciproque. Je découvre leur intéreur et Benoît, leur dernier des 5 enfants encore chez eux.
Repas rapide car Françoise a une réunion. Organisation du lendemain avec téléphone à Jérôme pour un rendez-vous fixé à 19h.

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Boucle étrange d'une guirlande éternelle

Mercredi 7 novembre
Nevers-Paray-le-Monial

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La plus grosse étape jusqu'à maintenant. Heureusement beau temps, même s'il fait autour de zéro. Vent de côté. Temps si beau , qu'il me fait chercher le psaume sur les splendeurs de la création. Mais je ne sais son numéro. Si bien que pour le matin, je reste sur celui des montées avec l'apprentissage de la deuxième strophe:

Qu'il ne laisse broncher ton pied
Qu'il ne dorme ton gardien,
Vois, il ne dort ni ne sommeille
Le gardien d'Israël

Au bout de 50 km, il est midi et la faim me fait mollir. Avec un petit détour, je trouve un bar resto rapide à Gannay-sur-loire (O3230). Mon statut de cycliste me vaut un accueil sympathique. Les patrons sont de Lyon et viennent de s'installer pour être au vert. A la sortie je cherche ce psaume de la création. C'est le 104. Je commence à apprendre sa première strophe par coeur., en changeant Yahwé par Esprit. Que mes amis juifs me pardonnent cette actualisation me parle plus.

Bénis l'Esprit mon âme
Esprit, mon Dieu tu es si grand!
Vêtu de faste et d'éclat
Drapé de lumière comme d'un manteau

Cette mémorisation ne m'empêche pas d'appuyer sur les pédales , car la route est longue.
Abbaye-de-Sept-Fons: O,7km. Joie. Pas trop loin pour un détour. C'est un haut lieu pour moi. Car c'est là qu'un soir de Pâques l'ange de la résurrection m'a dit:

"Il est ressuscité d'entre les morts , et voilà qu'il vous précède en Galilée. C'est là que vous le verrez" (Matt 28,7)

Croire à cette parole m'a lancé dans un chemin encore plus aventureux qu'avant, car il fallait le frayer seul. Un vieux moine, confident de cette option , m'avait alors écrit ces mots

Sur le chemin aventureux que tu choisis,
et qui peut être celui de l'Amour,
sois humble.
Humble comme le voyageur
qui le soir
n'a d'autre toît
que celui que lui donne son Père

Quarante-deux ans après, je suis très heureux de revenir rendre grâce du chemin parcouru. Dans la chapelle déserte, l'organiste s'entraîne et joue le Prélude en hut majeur de Bach. Je le fais mien, seul auditeur. Un moine de l'accueil me signe ma créanciale" Que Dieu vous garde"

A Diloin, un jeune mécanicien m'indique la voie verte, le long du canal du canal de la Loire, pour terminer en beauté les douzes derniers kilomètres. Soulagement.

A Paray, recherche du Foyer du Sacré-Coeur dans la nuit tombante. Chance aussi . Juste en face de la chapelle de l'héroïne du lieu: Marguerite Marie à la Coque, à l'origine voilà 100 ans de cette centration sur l'amour , symbolisé par la sacralisation d'un organe, le coeur , et le coeur d'un homme se disant fils d'un amour transhumain qu'ainsi il révèle comme Amour générateur.

Au foyer, seul hôte introduit par un jeune réceptionniste originaire du Kosovo,Luan , je dîne en tête à tête avec la co-fondatrice, et du Foyer et d'une association pour une Civilisation de L'amour-CorChristi- fondée voilà 25 ans par le Père Armand Roustand. Cette dame de 83 ans ,Yvette Mondos, rayonne de vivacité et d'enthousiasme. Elle m'informe de l'état des troupes de Paray. Pour sa fondation dont elle est la dernière témoin, elle voit une suite possible depuis un mois; Mais elle ne peut m'en parler avant d'avoir officialisé la piste avec l'évêque. Elle demeure étonnamment ouverte et confiante.

Le groupe de L'Emmanuel avec son Ecole de l'Evangélisation semble la communauté la plus nombreuse. Je l'ai croisé dans la chapelle d'en face. Cette école réactualise cette focalisation sur l'amour. Cette focalisation hérite de représentations sentimentalistes et bondieusardes chargées d'une autre époque. Cet héritage la dessert et voile l'essentiel. Donc le message de Paray n'est pas d'une évidence fulgurante. Sa forte teneur affective l'expose à des dérives réelles et attire des personnalités parfois limites. Cette ambivalence et risque de l'amour n'appellent donc pas une adhésion aveugle. Mais au contraire nécessite d'aviver et d'affuter un discernement spécifique, à travers et au-delà de l'humain.

Rendez-vous demain au petit déjeuner à 7h30 pour une photo et la signature de la créanciale. Y arrivera aussi in extremis, leur nouvel aumonier, un prêtre québécois anciennement curé de St Jérôme: Jean-François L. Il développe des sessions nommées Agapè.

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Jeune génération régénérante

Lundi-mardi 5-6 novembre
Clermont-Ferrand

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A l'arrivée à Clermont, nous allons rendre visite à Edgar, un des fils de nos amis, dans son nouvel appartement, à 10 minutes de son travail à l'université dans un poste protégé. Second essai comme téléphoniste après un premier comme électricien. En raison de difficultés relationnelles avec celui qui devait l'initier et l'accompagner, le premier poste l'a tétanisé et renvoyé à l'hôpital. Sur ma créanciale, Edgar m'a mis un mot qui m'a touché: "Un bon projet , courage". Ce mot me fait prendre avec moi, dans mon coeur et dans mon esprit, sur mon porte-bagage, tous ceux qui, pour une raison ou l'autre, sont moins mobiles.

Bernadette et Gustavo sont épuisés par la mobilisation permanente d'énergie nécessitée par l'accompagnement d'Edgar. Je leur propose de les relever un week-end au printemps en visitant la chaîne des volcans avec Edgar.
Repas très convivial avec Luis , second fils, et son amie avec laquelle nous faisons plus ample connaissance.

Le mardi soir à Nevers , Cécile 16 ans, la dernière fille de Geneviève et Michel, s'est faite toute belle pour le repas . Je suis donc entouré de trois magnifiques femmes: elle, Geneviève et Françoise .

Ces beautés ont sans doute contribué à me détendre. Première nuit vraiment reposante. Je sens s'opérer une décontraction profonde du corps. Je décide d'aller prendre, le matin, une photo de L'Espace Bernadette, pour bien visibiliser sa place dans cette ville et dans ma vie.

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La tribu des cyclistes

Dimanche 4 novembre
Gien-Nevers (100km)


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La dimension spatiale de la route, avec la pression d'une gestion quotidienne et immédiate à court terme, détrône presque complètement les autres références temporelles. Or aujourd'hui c'est dimanche et le 4 novembre, anniversaire de notre fils Yann, le webmestre de ce blogue. Double fête dont la conjonction est nécessaire pour que les nécessités du trajet n'estompent pas tout le reste. Bonne fête Yann. J'arrache, pour les lui transmettre, les pages du magazine Carrière, concernant des formations recommandées pour quadras prometteurs! La longueur de l'étape me met en tête une référence rassurante: « Qu'il ne laisse pas broncher ton pied » (Ps.120v.3)

Pendant le petit-déjeuner toujours solitaire, passe Arnaud P., un jeune moniteur de la filière Forêt. Cette filière a beaucoup de débouchés possibles, mais peu de candidats. Pénibilités du métier insuffisamment rénuméré, divisions du milieu. Il me rappelle Jean G. qui a fait une thèse sur le sujet.

Comme l'étape d'aujourd'hui est la plus longue encore jamais faite (100km) et que je suis seul, je décide de rester sur la départementale D951, malgré l'attraction de quelques écriteaux annonçant la piste Val de Loire. Mais cette piste se réduit encore souvent à quelques tronçons communaux difficiles à trouver et s'achevant quand on commence à les apprécier.

Bien m'en a pris, car le dimanche matin est le moment idéal pour rencontrer le maximum de spécimen de la tribu des cyclistes, dans sa variété déjà bien bigarrée.
  • D'abord les professionnels, les vrais ou ceux qui se prennent pour tels. C'est la demi-journée de la semaine où ils sortent en force. Ce sont les plus voyants. Ils vont en peloton serré multicolore avec toute la gamme des couleurs de l'arc-en-ciel affichée sur le torse, le bassin et les cuisses. Ce sont les adeptes du dieu de la route, les consacrés du culte de la performance. Vous voir serait une distraction coupable, faisant baisser la moyenne sacrée. Que dire de vous saluer, lâchant, en plus, une main du guidon! Un seul ose parfois lever les yeux et répondre à un salut, à l'insu de tous: le dernier !
  • Ensuite apparaissent les cyclistes du dimanche qui osent encore aller sur les routes, à leurs risques et périls. Ils sont moins nombreux: seul ou à deux. Plus discrets et moins bariolés, même si une touche de couleur les égaie. Ils ne sacrifient pas tout à la route, ou plutôt au vélo. Ce dernier ne les a pas complètement submergés, instrumentalisés. Ils sont encore ouverts et attentifs à l'environnement, au paysage et aux personnes croisées. Donc ils vous saluent. Avec un sourire de connivence qui énergise et encourage.
  • De temps en temps surgissent, à la croisée de chemins, des représentants d'un troisième spécimen de cyclistes: le VTTiste haletant et crotté à souhait. Mais pas pour longtemps, pour un court tronçon. De toute évidence, la route est jugée trop plate pour être intéressante. Le Vttiste disparaît au premier chemin de traverse. J'en ai rencontré deux qui ont consenti à relâcher leur chevauchée pour m'indiquer la voie. Un des deux, d'ailleurs, montait un vélo d'acrobatie introduisant une variante en développement.
  • La première race, celle des cyclistes fonctionnels, a pratiquement disparu dans la nature. Ils utilisaient simplement le vélo comme moyen de locomotion habituel. Cette race commence à resurgir dans les villes qui visent à devenir des vélos-cités. À l'approche d'agglomérations un peu plus importantes, j'ai quand même rencontré deux survivants de cette espèce en mutation. Pas des écolos précurseurs. Mais au contraire des sous-prolétaires ruraux pour qui un vélo emprunté représente un ultime moyen de secours pour étendre un peu une mobilité réduite à la marche. L'un d'eux est tombé. Sa selle était chambranlante. Pour la resserrer, j'ai découvert les multiples possibilités d'un outil multifonctionnel, nouveau pour moi. Sébastien, mon conseiller technique, l'avait introduit dans ma trousse de dépannage. Merci Sébastien. J'étais très fier de moi.
  • Je n’ai pas rencontré de randonneurs comme moi, harnachés avec de multiples sacoches. Mais pour cette catégorie minoritaire, je suis hors saison. On doit faire figure de bœufs de labour, de tacherons ou de forçats de la route. En automne, je suis donc une exception étrange, originale, un peu extra-terrestre. Je suscite des regards étonnés, amusés, encourageants ou réprobateurs selon le degré d'ouverture à l'inconnu et à l'insolite du regardant. Une présence de mon espèce interroge donc. Elle catalyse des dispositions de fond entre ouverture et fermeture, familier et étranger, local et non local.

Une autre centrale nucléaire —une chaque jour— me rappelle que la Loire n'est pas seulement le dernier fleuve sauvage de France. Après Saint-Laurent-des-Eaux, Dampierre-en-Burly, c'est Belleville ou Neuvy aujourd'hui. Je devrai attendre longtemps pour voir les premières éoliennes près du Rhône. Heureusement, des avis plus poétiques à l'approche d'écoles viennent adoucir la route. « Pensez à nous, roulez tout doux ». Oui je pense à vous Gabrielle, Camille et Marie-Jeanne et vous adoucissez ma route.

J'arrive à Nevers par le pont Fourchambeau et juste devant un écriteau pointant « espace Bernadette ». Ce sera ma première visite en remerciement d'une autre visite, faite en stop, voilà plus de 35 ans. Je ne peux m'empêcher de penser que cette Bernadette Soubirous a quelque chose à voir avec ma rencontre de Françoise à Lourdes quelques années plus tard. Bernadette a vu l'archétype de la beauté féminine. Elle m'a aidé et m'aide à la découvrir. En même temps, cette Beauté m'apprend à aimer même ce qui n'est pas aimable, la face noire de la vie.

Après un jeu de piste dans Nevers et Coulanges, j'arrive avec soulagement chez Geneviève et Michel. Françoise est là avec du linge de rechange. Repas avec Geneviève et Alain G. Geneviève G. arrive de Jérusalem. Et les deux connaissent très bien un de mes anciens collègues, Jean H.. J'ai la joie de l'avoir au téléphone. Il m'apprend que leur journal Témoin est maintenant sur internet.

Grâce à la généreuse hospitalité de Geneviève, Nevers offre un repos bienvenu de deux jours. Repos nécessaire après ces quatre premiers jours test de vélo. Nous en profitons pour aller en voiture à Clermont-Ferrand voir des amis très chers.

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